À la tunisienne
Un peu avant 8h, nous attendons Amine et Chaïma à l'extérieur de l'hôtel, mais c'est surévaluer la "ponctualité" toute tunisienne que de croire que 8h veut vraiment dire 8h. C'est plutôt un synonyme de 8h15 par ici...quand on est chanceux comme nous d'avoir des amis tunisiens qui connaissent notre ponctualité toute nord américaine!
Chaïma a nommé sa cousine Rahma notre guide officielle pour la visite de la médina de Tunis. On la rejoint à la Bab el Bhar (Porte de la mer), une des entrées de la médina. Facile à repérer, elle a caché pour cette occasion ses cheveux blond platine sous une toque fleurie qui nous permet de la suivre à des mètres à la ronde. Afef, la soeur de Chaïma, et son mari Sofiène nous rejoignent un peu plus tôt, au hasard du I love Tunis qui trône devant la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul, où toute la joyeuse bande met les pieds pour la première fois.
La médina de Tunis remonte au 7e siècle. C'est un véritable voyage dans le temps que d'arpenter les ruelles en pierres de ce labyrinthe de souks, d'habitations et de mosquées. Mais l'attrait principal et unique est la visite des toits qui sont comme une bouffée d'air après le sentiment d'étouffement ressenti dans les artères sombres et étroites de la ville ancienne. La plus belle terrasse est celle d'un magasin de tapis, dont le toit est recouvert de céramiques. Je tente de discipliner mon groupe en les faisant avancer ou reculer selon l'humeur de ma photo. Chaïma est là pour me prêter main forte, et je passe un temps fou sur cette terrasse pour mieux m'y faufiler à nouveau une fois tous les amis en train d'admirer le gigantesque lit doré du bey (roi) à l'intérieur.
Les gens, bien accueillants, n'hésitent pas à nous indiquer le chemin ou à nous inviter sur leur terrasse. Nous prenons un café à l'ombre du minaret d'une mosquée pendant que Sofiène fait semblant de lire la bonne aventure d'Éric dans le sirupeux fond de café turc qu'il a laissé. Il voit un chiffre, 50, une profession dans un tribunal, et un prochain voyage en Iran. Quel don! Surtout qu'Amine lui a tout dit sur Éric en se promenant dans la médina...
Rahma nous fait découvrir une échoppe de fabrication de chéchia. Brodée de laine et brossée jusqu'à devenir du feutre souple, la toque, traditionnement vermillon, est le couvre-chef officiel de la Tunisie, aux allures de fez. Je repars avec une chéchia, cadeau de Chaïma, de cette boutique qui les produit pour tous les feuilletons pseudo historiques d'ici jusqu'en Turquie.
Le temps d'une casserole kerkanaise au resto El-Ali, la medina est noire de monde et il n'y a que Rahma pour nous sortir de ce dédale par des raccourcis bien efficaces.
Le stationnement où la voiture est garée était désert ce matin, mais c'est une autre histoire à cette heure de l'après-midi. Des voitures stationnées bloquent la sortie de notre véhicule. À mes yeux, impossibles de sortir de là. Quand Amine dit : "Il va falloir pousser!", je ne suis pas certain de comprendre, mais déjà Éric et lui sont en train de déplacer les voitures pour dégager un chemin. Comme des super-héros, ils font rouler les véhicule d'un côté et de l'autre. Mais une certaine précaution est nécessaire pour éviter de tamponner les voitures qui n'offrent aucune résistance, le frein à main étant desactivé en prévision de la manoeuvre.
En route vers le musée du Bardo, Amine réalise qu'il reste à peine d'essence pour faire 37 km (petit oubli de remplir le réservoir), et notre destination est à environ 20 km. Amine garde son calme, alors qu'une petite panique s'installe dans la voiture. Nous retenons notre souffle, un bouchon de circulation se forme à l'horizon. Babacool, je dois même insister auprès d'Amine pour arrêter à la première station-service que nous croisons, il ne veut surtout pas retarder l'heure d'arrivée au musée fixée à 15h30 maximum par Chaïma. Mais une heure suffit amplement pour visiter l'une des plus grandes collections de mosaïques au monde. On l'oublie souvent, mais la Tunisie a déjà été une province romaine. Comme en Grèce ou en Italie, les sols des maisons étaient décorés par de sublimes mosaïques évoquant des contes mythologiques, des animaux de toute sorte ou des sirènes de la mer. La culture d'alors et celle d'aujourd'hui constitue un contraste étonnant mis en lumière par Éric qui raconte à Chaïma le mythe du fil d'Ariane qui veut sauver Thésée du labyrinthe du minotaure. Étonnamment, nous sommes plus au fait de ces légendes antiques que les Tunisiens eux-mêmes. Le musée du Bardo, installé dans l'ancien Palais du bey, est constitué de très belles salles aux plafonds ornementés.
Pour fêter les 39 ans de Chaïma, plusieurs membres de la famille de Chaïma et d'Amine se retrouvent au Dar El Jeld (maison du cuir) dans la médina. Dans une maison authentique, des plats typiques sont servis dans un magnifique patio au son de la cithare. Imène, la soeur d'Amine, a fait préparer un gâteau recouvert de fraises et de framboises et décoré de nougatine qui goûte le ciel. Quel bonheur de festoyer à la tunisienne!
Vous êtes privilégiés tous les deux de vivre ces expériences typiquement tunisiennes, guidés par des tunisiens qui semblent si contents de vous faire découvrir les richesses, la culture et les beautés de leur pays.
RépondreEffacerDeviendrez-vous "babacool" à leur contact...? 😆
Ça ressemble à ce que nous avons pu admirer en Sicile. Une grande maison romaine (3500 m 2) entièrement pavée de splendides et assez émouvantes mosaïques.
RépondreEffacerQuelle belle journée on a passé !
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