Le bleu Majorelle

mai 17, 2018 Anne Francoeur 3 Comments

Ce matin, il faut arriver avant les groupes.  Le jardin Majorelle est à 30 minutes de marche, on peut y être dès l'ouverture et revenir prendre le petit déjeuner à l'hôtel.    Nous sommes les seconds dans la file vers 7h45, mais des représentants d'agences ont priorité sur nous.  Pendant qu'on achète nos billets, les premiers camions déversent les touristes qui récupèrent les billets ramassés par le représentant.  La règle du premier arrivé premier servi ne tient pas au Maroc.  Heureusement, les groupes restent à l'entrée, attendant le guide, je file donc vers le pavillon Majorelle au pas de course.

Jacque Majorelle est un peintre français né en 1886.  Passionné de l'islam, il arrive au Maroc en 1917 et s'installe à Marrakech, la ville-oasis, dont la lumière et les couleurs l'envoûtent instantanément.  Il s'établit sur un terrain aux abords de la palmeraie, et fait construire attenant à sa demeure une villa-atelier.  C'est ce pavillion qui constitue aujourd'hui le clou de la visite des jardins, peint d'un bleu indigo profond, le bleu Majorelle.  Ponctué ici et là de vases tantôt oranges, tantôt jaune vif, le jardin est attirant, mais minuscule.  J'ose à peine imaginer l'endroit vers 11h quand les allées sont pleines à craquer et que les Japonaises se prennent en photo devant les 3 pots jaunes en faisant des poses bucoliques (c'est toujours ce qu'elles font partout non?).  On a bien fait d'arriver tôt, quand on sort vers 9h, c'est déjà intenable.

Je me réveille le matin en pensant au yogourt aux fruits que sert le riad.  Après une bonne heure de marche, je ne veux qu'une chose : mon yaourt!  Bien plein, on repart pour le musée Yves Saint-Laurent, à quelques mètres du jardin de ce matin.  Sur la rue Yves-Saint-Laurent, la file est maintenant interminable pour accéder au Jardin Majorelle.  On se félicite de nos efforts de ce matin.

Bien qu'il soit Algérien, le grand couturier Yves Saint-Laurent est associé à la ville de Marrakech.  Il a découvert le Maroc en 1966 et, tous les ans, les 1er décembre et 1er juin, il séjournait à Marrakech deux semaines pour dessiner sa collection.  En 1980, avec Pierre Bergé, il devient propriétaire du Jardin Majorelle et, à sa mort en 2008, ses cendres ont été dispersées à l'endroit même où un mémorial trône aujourd'hui.  L'essentiel de la collection du musée se limite à une vingtaine de robes du couturier.  Mais quelles robes!  Une retient particulièrement notre attention, faite d'un tissu brodé de fleurs qui ont l'air réel.  Il y a aussi de splendides portraits de Catherine Deneuve pris dans les lieux prisés de Marrakech.  Était pas lette!  Au café, je commande un café nous-nous (moitié-moitié) qui deviendra notre favori au Maroc.  Mais attention, ne faites pas comme moi, c'est nous-nous (prononcer les s), pas "nounou" comme moi je le dis, ce qui fait bien rire le serveur.

Amal est un centre d'entraide aux femmes du Maroc, mais aussi un restaurant sans but lucratif qui sert des bons petits plats pas chers du tout.  Éric me demande : penses-tu que la serveuse est trisomique ?   Ben oui, Chou, c'est ça venir en aide aux femmes!

En après-midi, nous prenons un taxi (ben oui, on commence à avoir les jambes mortes!) jusqu'aux tombeaux saadiens.  Sans dire que c'est désert, c'est beaucoup plus agréable qu'hier matin.  Les Saadiens , c'est l'une des six dynasties ayant régné sur le Maroc aux alentours du 16e siècle.  Les tombeaux de la famille, emmurés par le sultan alaouite qui pris la suite du pouvoir, ne furent découverts qu'en 1917.  Les tombes de forme triangulaires sont assez étonnantes.  Bien qu'un groupe nous pousse pour les photos, moi je prends mon temps pendant qu'Éric engueule le guide...

Au Maroc, quand les travaux ne sont pas finis, alors on change la pancarte et on ajoute une journée de fermeture.  L'ouverture du palais El-Badi, annoncée pour aujourd'hui, est remise à demain.  Puisque c'est ainsi, nous ne reviendrons plus!  Pour retourner au riad, on se perd volontairement dans le souk de la médina.

Dernière incursion sur la Place Jemaà el-Fna, cette fois à la brunante et sans rechigner sur les 5 dollars à payer pour la terrasse du Grand balcon du café glacier.  N'écoutant que notre courage, on s'aventure dans les kiosques de bouffe de rue, mais la sollicitation trop insistante (on nous retient par le bras pour nous asseoir à une table) est franchement désagréable.  Un taxi appelé par le riad nous conduit plutôt chez Baromètre dans une ambiance plus cosmopolite.  Je demande la poivrière à notre voisin français qui ne demande que ça pour piquer une jasette.  Il devra la chercher ailleurs sa causerie!

Marrakech va nous manquer.  Son charme, son soleil, sa joie de vivre et, surtout, notre magnifique riad Kheirredine, un endroit chouchou qui s'installe en toute première place des plus beaux hôtels visités.























3 commentaires:

  1. une bien belle place je le redit je pense bien que j'aimerais y aller. les photos sont magnifiques de belles couleurs wow et rewow. merci de nous faire découvrir ce beau coin de pays.

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  2. Vous l'aurez vécu à fond ce Marrakesh!
    Vraiment charmant le Jardin Majorelle, ça valait la peine d'y aller tôt, vos photos sans japonaises le prouvent bien!
    Oui, merci Frédéric pour la générosité dont tu fais preuve en partageant avec nous vos journées dans le menu détail, c'est comme si on y était.

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  3. Que dire de plus après mes chères Josée er Anne: merci pour ces beaux textes et ces moments partagés avec nous.
    Les photos sont magnifiques encore une fois!

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