Une épreuve olympique

mai 15, 2018 Anne Francoeur 4 Comments

Notre arrivée à Marrakech est une histoire d'horreur.

À Tunis, nous apprenons que le vol vers Casablanca est reporté d'une heure.  Puisque nous avions justement une heure pour attraper l'avion jusqu'à Marrakech, tout le plan tombe à l'eau.  Les employés de Royal Air Maroc sont aussi utiles que le père Noël dans un pays arabe.  Vous verrez là-bas avec le bureau des correspondandes, Monsieur, qu'on me dit.  L'embarquement est lent, chaotique, on décolle avec au moins 1h30 de retard.  Dans l'avion, le plan de vol indique l'heure d'arrivée à 20h30, la même heure qu'originalement.  Est-ce que la Maroc aurait un décalage horaire avec la Tunisie?  Cette idée m'apaise.  Et si j'avais paniqué pour rien?

Bien évidemment, c'est Royal Air Maroc qui a reculé l'heure un peu trop tôt.  Il est bel et bien 21h30 quand nous atterrissons à Casablanca.  Nous courons vers les correspondances pour apprendre que le vol de 21h35 a été annulé (ce que le site de RAM signalait, mais que la préposée a infirmé), et qu'automatiquement nous avons été déplacés sur le vol de 00h50.  Pendant plus de 3 heures, nous regardons les embarquements se succéder à bon train, confiants qu'à 00h10, nous pourrons prendre le petit bus vers l'avion.  Mais non!  L'embarquement se fait en retard, et c'est encore avec un délai de 1h30 que nous quittons enfin Casablanca.  Pour un vol de 25 minutes, c'est d'autant plus choquant!  On a à peine le temps de lever que nous devons redescendre.  Il est passé 2h du matin quand nous arrivons enfin à Marrakech.

Malgré l'heure d'arrivée tardive, le Riad Kheirredine a tout organisé.  La voiture qui nous attend à l'aéroport nous dépose à quelques mètres de l'hôtel, sur une place où Ahmed, le veilleur de nuit, nous attend.  Il transporte nos valises tout le long du chemin quelque peu intimidant de jour comme de nuit qui conduit vers le Riad.  La chambre est magnifique, et Ahmed nous prépare des sandwichs tout chauds livrés à la chambre.  À 3h du matin maintenant, je ne sais pas si nous aurons la force de monter sur le lit, si haut qu'il pourrait constituer une épreuve olympique pour certains...

Il y a maintenant deux choses qui peuvent me faire commencer une journée tard : Amine et Chaïma, ou un vol Royal Air Maroc.  La nuit est trop courte, mais ça ne nous empêche pas de nous lever vers 8h30.  Je piaffe d'impatience de débuter la journée, mais quand on séjourne dans le meilleur hôtel d'Afrique, il faut quand même prendre 10 minutes pour se faire présenter tous les avantages de l'endroit.  On nous remet un cellulaire pour rejoindre l'hôtel à tout moment que ce soit parce qu'on est perdus ou qu'on a besoin d'un taxi.  Toutes les consommations d'eau ou de café sont gratuites (comme sur Celebrity Cruises, mais le café est bon!).  Le fait qu'on lave gratuitement nos vêtements ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd!  Les chambres sont nettoyées deux fois par jour.  Bref, c'est tout simplement incroyable comme service.  Quand nous sommes enfin prêts à sortir, on nous accompagne jusqu'a l'entrée du souk tout en nous donnant des repères pour retrouver le chemin.

La médina de Marrakech, avec ses 600 hectares, est certainement la plus grande et la plus divertissante que j'ai eu l'occasion de voir dans ma vie.  Ça ne se raconte pas, ça se vit.  Dans le souk, les spécialités sont souvent regroupées ensemble : les ferroniers, les artisans du cuir, les coordonniers, les orfèvres, les tisserands.  Tous ces petits métiers sont représentés, et on peut même voir les gens à l'oeuvre. Les artères de ce grand labyrinthe s'emplissent de monde par secousse, puis se vident tout aussi vite, comme le sang qui circule dans les veines.  Le coeur de Marrakech, c'est sa médina.  J'ai un parcours précis à suivre et, armé de mon Routard, d'un plan de la ville, de mon cellulaire et de ma caméra, je réussis à ne jamais me perdre (fierté!).  Même le musée de Mouassine, dont la rue est bloquée par des échaffaudages, est facile a repérer.  On y découvre le peintre Abdellay Mellakh dont les oeuvres sont exposées dans la maison familiale.

On prend le dîner sur la terrasse du resto Naranj en se délectant de quelques entrées libanaises et d'un virgin mojito.  On retrouve sans trop de soucis la petite porte de notre riad pour déposer nos achats, et prendre un café sur la terrasse.  On repart de plus belle vers le musée des confluences, la superbe demeure Dar el Bacha d'un sultan du debut du 19e siècle.  Puis on termine par le musée de la photographie qui, finalement, est plus intéressant pour les images des peuples du Maroc à travers les décennies que par sa minuscule terrasse avec vue petite vue.  Le jardin secret est un joli espace vert, mais les selfie queens abondent et jouent les trouble-fête.

La place Jemaâ el-Fna est la quintessence de Marrakech.  Les charmeurs de serpents, les dresseurs de singes, les musiciens africains se donnent rendez-vous ici pour divertir les passants, mais surtout faire des sous.  Et ils sont vraiment prêts à tout pour y arriver.  Si on prend par malheur une photo dans la direction d'un amuseur public, il te poursuit sur des mètres pour recevoir son dû.  Préparé, je suis bien d'accord pour payer, et je prends des photos d'un groupe de charmeurs de serpent.  Mais, évidemment, le montant n'est pas suffisant, et c'est carrément de l'intimidation pour en obtenir plus.  Dire qu'un membre de la bande demandait à Éric son cellulaire pour une photo, et que j'ai dû hurler pour qu'il ne lui donne pas.  On aurait payé combien pour le ravoir?

Le grand balcon du café glacier est une arnaque à laquelle on doit consentir pour avoir le privilège de voir la place Jemaâ el-Fna.  Le problème est que je n'ai pas assez prévenu Éric qui s'emballe parce qu'on doit payer 40 dirhams pour deux bouteilles d'eau.  Je ne vais certainement pas manquer le spectacle pour 5 piasses!  La terrasse est bondée en ce samedi soir, mais on déniche un coin où prendre des photos et regarder les gens se faire avoir à leur tour.  Finalement, la place Jemaà el-Fna, c'est mieux vu d'en haut.

On rejoint tous les touristes américains au Latitude 31, une bonne marche qui fait de cette journée un bon demi-marathon.  Les plats marrocains sont bons, mais la fatigue se fait sentir après une nuit écourtée et une journée bien active.  Nous retrouvons avec bonheur notre riad et notre chambre Eucalyptus.








































4 commentaires:

  1. Tout sauf être comparés à la Ram! Je refuse! 😛

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  2. Pour vos débuts au Maroc, vous avez connu le meilleur (votre riad) et le pire (Royal Air Maroc, qui n'a de royal que le nom...). Je vous souhaite que le reste de votre séjour dans ce beau pays se situe entre les deux!
    Les belles photos que vous nous envoyez de Marrakesh montre une ville fascinante.

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  3. À son expression, je crois deviner qu'Éric n'aurait pas passer l'après-midi avec le serpent autour du cou...

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  4. Ça s'est certain. Et encore, la photo ne montre pas les deux cobras qui étaient devant moi le corps raide et qui me regardaient.

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