Y fait pas beau tout l'temps partout
J'emprunte les mots de la jolie chanson de Mara Tremblay pour débuter ma publication. Non, y fait pas beau tout l'temps partout, et certainement pas à Sidi Bou Saïd ce matin. La pluie a commencé à tomber hier soir, et le tonnerre a résonné dans notre petit hôtel en haut sur la falaise, tellement qu'on s'est réveillés en sursaut, apeurés. Le petit déjeuner sur le patio n'a plus du tout le même attrait sous les gouttelettes, et les pavés du village, mouillés, sont glissants comme une patinoire. Pas de photos de chats ni de portes, même les fenêtres ont un air tristounet.
La meilleure façon d'occuper une journée de pluie est de visiter un musée! Direction le Musée de Carthage (3$ de taxi!), mais les groupes de Russes ont eu la même idée que moi pour passer leur morne matinée. Surprise! Après avoir combattu les hordes de bolchéviques pour payer nos billets, un minuscule écriteau sur la porte du musée indique qu'il est fermé pour rénovations. Ne reste que les jardins extérieurs où un tas de statues sans tête traînent négligemment. La pluie ayant cessé, on descend à pied la colline de Byrsa, mais les vestiges de la cathédrale ne peuvent provoquer que de l'hilarité tant il ne reste plus rien. On décide de retourner à Sidi Bou Saïd, une marche de 45 minutes, dont 40 sur une grande route sans trottoir. La pluie recommence quand nous arrivons enfin au Palais du baron d'Erlanger.
J'ai un petit pincement au coeur en pensant à la beauté des lieux sous un ciel bleu et un soleil caressant. La terrasse laisse deviner des vues splendides sur la mer. L'intérieur inspiré par l'architecture arabo-andalouse demeure magnifique. On vient vite m'avertir que les photos sont interdites, sauf avec un cellulaire. Inspiré par le tempérament d'Amine, je demande la différence, mais la réponse ne venant pas, je me fais tout simplement plus discret pour croquer les salles de la demeure. Surnommé l'étoile resplendissante en arabe (Ennejma Ezzahra), le palais bâti au 20e siècle constitue le sanatorium de Rodolphe d'Erlanger, riche héritier du fondateur d'une banque à Francfort, pris des bronches. Il peint, entre deux quintes de toux, sa fascination pour la Tunisie et s'intéresse à la musique arabe au point de collectionner des instruments de musique.
Valises en main, on débarque d'un taxi en plein milieu de nulle part, au resto La cuisine au 4e. Les alentours sont un chantier de construction et la pluie fait sortir des égoûts une odeur indéfinissable qui ne met pas en appétit. Quelle belle idée j'ai eue de donner rendez-vous à Amine et Chaïma ici! Je dois courir vers leur voiture pour qu'ils nous trouvent, les pauvres! Le dîner est passable, et le service pourri. Quand Éric demande comment est apprêté le boeuf, la serveuse répond qu'elle n'en a aucune idée...et n'a pas l'intention d'aller vérifier. Le service est si lent que Baya a le temps de voir repousser sa petite dent tombée.
Toujours prêt à nous faire plaisir, Amine accepte un petit arrêt au Tunisia Mall avant de foncer vers Hammamet sous la pluie battante. Baya s'installe encore une fois sur mes genoux pour la sieste, non sans poser quelques questions profondes avant de s'endormir : Maman, est-ce que Frédéric est ton amoureux ? Non, Baya, maman est amoureuse de papa et ne pourrait pas vivre sans lui, mais je serais triste si Frédéric mourait quand même... On s'enlise! Nous n'en sommes pas aux premières explications saugrenues, les enfants d'Imène et Sami ont demandé si nous étions des amis Éric et moi, ce à quoi Baya a répondu qu'on ne pouvait pas être juste amis puisque nous étions toujours ensemble... Changement de sujet les enfants!
On doit faire vite, le spa Clarins de l'hôtel La Badira nous attend à 17h. Mais on découvre qu'on s'est dépêché pour rien, j'ai pris deux rendez-vous pour...la veille! Heureusement pour nous, ils pourront nous accommoder vendredi. On court au resto Adra pour corriger mon erreur de date. Chanceux, on nous assigne la meilleure table, et nous profitons de ce magnifique souper, un des meilleurs jusqu'à maintenant. On oublie le vent qui souffle à écorner les chameaux (j'actualise mes références...) grisés par le Vieux Magnifique et bercés par les airs de Oum Kalthoum.
C'est également très beau, un ciel nuageux! Bien sûr pas quand il est tout gris et morne. Magnifique palais que celui de ce baron.
RépondreEffacerOuais, pas bête la petite Baya!!
RépondreEffacerQuant à cette journée de pluie, j'ose à peine imaginer ton humeur...je te connais en voyage, ça prend juste un nuage et tu bougonnes.
Si tu veux te consoler, dis-toi que tu pourrais subir le printemps québécois...
C'est pas ici que se serait installé le riche baron pour soigner sa bronchite!
Et bien faudrait pas qu'on voyage ensemble Frédéric et moi car je suis aussi pas mal bougonneuse lorsqu'il ne fait pas beau. La météo est mon obsession.
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